Ils sont dans un puits. Comment ? Pourquoi ? Ils n’en savent rien. Leur seule certitude, c’est qu’ils sont dans ce puits. Et qu’il semble impossible d’en sortir. Un court roman glaçant de survie en milieu hostile.

Le puits, l’histoire
L’histoire commence sur ces mots : « Impossible de sortir on dirait, dit-il. Puis il ajoute : Mais on sortira. ». Il, c’est le Grand, l’aîné, celui qui dictera les règles à suivre pour survivre dans le puits. L’autre, c’est le Petit. Il subit la situation, se révolte quelques fois mais surtout, il aime le Grand. Comment ont-il atterri là ? Qui sont-ils ? Autant de questions que l’auteur laisse sans réponses. Tout ce que l’on sait, c’est que le Grand et le Petit sont des enfants. Et qu’ils sont dans un puits. Les jours passent et ils organisent la vie pour tenir le plus longtemps possible. Le Grand entretient son corps pendant que le Petit récolte de la nourriture. En tant que lecteur, on assiste à leur longue agonie : la faim, la soif, la rage, le désespoir puis la folie. Une décomposition aussi physique que mentale avec la douloureuse hypothèse : en parvenant à fuir, comment imaginer un éventuel « après » ?
À l’intérieur de toi, conserve quelques secondes cette dernière goutte de furie [la rage], laisse-la briller à la commissure de tes lèvres comme un baiser près de tomber ; expire, sens comme tes côtes se soulèvent et s’abaissent ; puis recouvre ton calme. Observe les dégâts, tes doigts râpés, les trous creusés. Prends conscience du silence et sens comme la matière affolée a cessé de bouger ; pas un bruit : le bois ne craque plus, le vent ne souffle plus. Ce silence qui un jour régnera sur la terre, lorsque les hommes décideront d’en finir et qu’aura sonné l’heure de la fin des temps. C’est ce même silence qui vivra en permanence à tes côtés, tandis qu’en toi la rage se transformera en son contraire.
Mon avis sur ce livre
J’aime ce genre d’ouvrage, court, perturbant, inquiétant et dont on ne connaît pas le contexte. On se retrouve projeté dans ce puits avec deux gamins et c’est finalement tout ce qu’on doit savoir. Malgré l’absence de détails, on finit pourtant par s’attacher à ces enfants sans prénoms. Il y a le Grand, le frère du Petit, et le Petit, le frère du Grand. Cette phrase résume à elle seule la relation-narration de ce livre. Leurs caractères se matérialisent au fur et à mesure des pages et leurs portraits se dessinent petit à petit dans notre conscience. On peut également voir une critique sociale à travers cette lecture, qui a surtout fait écho en moi à l’affaire Julie et Mélissa, deux fillettes mortes de faim – entre autres – en Belgique. Une histoire terrible qui a jeté un voile sombre sur la jeunesse de toute une génération. En bref, si 130 pages d’une histoire percutante – sans qu’il ne s’y passe grand chose pour autant – vous intéresse, alors foncez !