Tenir jusqu’à l’aube, un titre intrigant, une couverture qui l’est tout autant. Un roman qui nous plonge ici dans le sombre quotidien d’une jeune mère célibataire.

Tenir jusqu’à l’aube, l’histoire
Tenir jusqu’à l’aube raconte une de ces mamans solos qui se bat pour élever son fils. Qui se bat pour le faire dormir. Pour lui assurer un avenir. Pour être à la hauteur. Pour jouer le rôle de la mère et du père – absent – que l’enfant ne cesse de réclamer. Son quotidien ? Une plongée en eaux troubles, étouffante, qui l’asphyxie et la tue un peu plus chaque jour. Alors, pour s’échapper, elle sort la nuit. Jamais très loin. Jamais longtemps. Ses fugues au cœur des ténèbres sont le seul moyen pour elle de se prouver qu’elle existe. Être elle, c’est aussi être une femme qui vit ou qui veut vivre :
Elle sent ses jambes, ses cuisses. Son dos, sa nuque. Avoir un corps. Un corps sans enfant qui s’y cramponne. Un corps sans poussette qui le prolonge. Ça lui avait paru étrange lors de ses premières sorties. Elle s’était sentie vulnérable. Comme si on l’avait amputée de quelque chose, d’une extension quasi naturelle d’elle-même. Mais ce soir elle se sent légère, légère. Avancer à son propre rythme. Pas celui, lent, toujours décalé, de l’enfant. Réintégrer son corps, sa vie.
Puis soudain, l’alarme de son téléphone sonne. Il est temps de rentrer. De longues et précieuses secondes se sont déjà écoulées. Brusque retour à la réalité et avec lui la honte d’avoir pleinement profité de ces instants. La culpabilité d’avoir laissé l’enfant seul, de l’avoir abandonné. Une petite phrase au fond d’elle-même : « Et l’enfant, il dort, il dort. Que peut-il faire d’autre? » N’est-elle pas, telle la chèvre de monsieur Seguin qu’elle lit chaque soir à l’enfant, pleine de confiance, à pousser toujours un peu plus (trop) loin ?
C’était, paraît-il, des chèvres indépendantes, voulant à tout prix le grand air et la liberté. (A. Daudet)
Mon avis sur ce livre
J’ai beaucoup aimé ce roman très court, très prenant. Le style et la construction des chapitres qui ne font pas plus de quelques pages servent ce climat de tension où on sent la mère complètement perdue, parfois abattue mais qui pourtant n’abandonne pas et doit tenir jusqu’à l’aube. Jamais nommée, elle incarne toutes les mamans qui luttent au quotidien et qui subissent le regard lourd et plein de jugement des Autres.