Un soir de décembre, l’histoire
– Pensez-vous que l’on puisse retrouver une femme qu’on a aimée, d’un amour différent, unique, d’un amour qu’on croyait avoir oublié ?
– Est-ce qu’on quitte une femme qu’on aime, monsieur, je vous retourne la question.
Matthieu, la quarantaine prononcée – accessoirement marié avec deux enfants – voit sa vie chamboulée lorsque paraît son premier livre. Un projet personnel qu’il a achevé, plus pour lui-même que pour un lectorat incertain. Pourtant le succès est immédiat : le livre rencontre son public et Matthieu enchaîne plateaux de télévision et interviews. Mais après, il y a un vide qu’il ne peut remplir. Une sensation de froid et de dépouillement le plus total avec toujours cette question prégnante : et après ?
En rentrant un soir, Matthieu trouve dans son courrier une lettre écrite au stylo plume bleu. Elle raconte Sara (encore une), une jeune fille dont il s’est épris autrefois lors d’un trajet en avion. Elle dormait paisiblement à côté de lui. Il a succombé à son instinct de séducteur. Il lui a donné son numéro de téléphone et ils se sont vus et revus, encore et encore. Elle lui offre sa jeunesse, sa beauté et sa naïveté auxquelles il mettra brusquement fin quelques mois plus tard.
Sara l’a donc retrouvé. Matthieu se met alors à écrire un livre tellement dense et intense qu’il en oublie tout le reste. Il n’y a qu’elle qui compte, et ce souvenir d’un soir de décembre. Il plonge petit à petit dans la folie des mots. Il se coupe de tout monde réel et de sa famille. Ce roman, qui le tient en vie, le tue doucement. Jusqu’à la fin, le lecteur se demandera qui du livre ou de l’auteur vaincra. Qui parviendra au bout de l’autre.
Mon avis sur ce livre
J’aime beaucoup Delphine de Vigan, notamment Rien ne s’oppose à la nuit que j’ai lu il y a déjà quelques années. J’aime les états de latence qu’elle instaure ainsi que cette atmosphère si douce et amère à la fois. Un soir de décembre raconte un homme mis à nu devant ses intentions et ses sentiments. L’histoire d’un amour déçu et d’un homme qui, des années plus tard, se replonge au cœur de la passion et de lui-même pour écrire, quel qu’en soit le prix.