Lorsque le chaos s’abat sur le monde, il reste deux possibilités : se coucher et attendre que mort s’en suive ou lutter pour sa survie au prix parfois d’inhumanité.

Et toujours les forêts | Sandrine Collette

Et toujours les forêts, l’histoire

Abandonné par sa mère tout petit et balloté de famille en famille, Corentin grandit avec un vide en lui qu’il comble comme il peut auprès de son arrière grand-mère Augustine. Au premier abord aussi austère que les forêts qui l’entourent, l’aïeule révèle finalement un cœur tendre et les Forêts qui le terrorisaient deviennent son terrain de jeu favori. En compagnie des enfants du village, apprivoisant ainsi êtres et lieux, Corentin oublie peu à peu son triste passé.

À 20 ans, il rejoint la Grande Ville pour faire des études d’instituteur et se lie d’amitié avec quelques camarades de classe, soucieux de construire sa vier et de créer des liens, car si on ne choisit pas sa famille… De guindailles en longs discours, jeunesse se passe sous une chaleur étouffante. Pour trouver un peu de quiétude et de fraîcheur, la bande a pris l’habitude de descendre dans les égouts. Accompagnés de grandes rasades d’alcool, Corentin et ses amis flottent ainsi à travers les jours, dans une léthargie aussi douce qu’annihilante.

Lorsqu’un énorme bruit se fait entendre, il leur faut un moment pour sortir de cet état comateux. Remontés à la surface, ils se retrouvent confrontés à un monde inconnu où tout a brûlé. Prise de panique, la bande se disloque, désireuse de retrouver un père ou une mère, un frère ou une amie. Livré à lui-même dans un décor de cendres, Corentin se rendra compte de l’important qu’à Augustine pour lui. Et alors que l’homme se transforme en bête, de l’inhumanité naît l’humanité.

Mon avis sur ce livre

L’instant d’avant il y a avait le monde. L’instant d’après rien n’était plus. Dans « Et toujours les forêts », Sandrine Collette revisite la thématique de la fin du monde, à mi-chemin entre deux excellents romans, « La route » de Cormac McCarthy et « Dans la forêt » de Jean Hegland.

À la lueur de sa plume anxiogène, elle décrit un univers sombre et dense dans lequel valsent les émotions. Entre lutter pour sa survie au quotidien et pour la survie de la race humaine se créera une tension dévorante qui brûlera Corentin au dernier degré. Dans un monde où comme toujours les hommes continuent de se détruire plutôt que de s’unir, la maxime « l’homme est un loup pour l’homme » résonne tel le glas. La noirceur des émotions mises ainsi à nu m’a happée d’un bout à l’autre de ce roman puissant, d’une auteure que j’adore.