« Le jour n’entre quasiment plus dans l’appartement, mon horizon se scelle, le paysage disparaît irrémédiablement. »

La Disparition du paysage, l’histoire

À Ostende, seul dans une chambre au sixième étage, un homme coincé dans son fauteuil roulant se plonge chaque jour dans le paysage qui s’offre à lui. Entre le va-et-vient incessant des vagues et le cri des mouettes qui maraudent dans le ciel, il ne cesse de se remémorer l’avant. Face à des bribes de souvenirs immergés bien trop loin en lui, il lutte pour comprendre l’ici et maintenant. Mais lorsque le casino d’en face érige un nouvel étage, c’est toute sa vue qui disparaît peu à peu. Et avec elle, sa vie, inéluctablement et à l’insu de tous, effacement irréversible d’un être.

Je regarde l’épais brouillard à travers la vitre, et il me semble que le monde extérieur a la même consistance que ma mémoire. Mon passé, enfoui dans des profondeurs indéchiffrables, se présente comme une vaste étendue informe et cotonneuse, dans laquelle je jette des coups de projecteur au hasard pour essayer de retrouver mes souvenirs.

Mon avis sur ce livre

« La Disparition du paysage » est un roman minimaliste et pourtant très percutant. Intimité et introspection sont au cœur de ce livre dont chaque page recèle une infinie poésie. Jean-Philippe Toussaint compose avec la mélancolie de la pensée un portrait intense et profondément humain.
Ce texte, conçu au lendemain des attentats de Bruxelles, a une résonnance toute particulière pour la bruxelloise que je suis.