Entre roman et fiction, « Le parfum des fleurs la nuit » nous emmène dans l’univers de Leïla Slimani et nous fait découvrir des parcelles intimes de sa vie.

Le parfum des fleurs la nuit – Leïla Slimani

Lorsqu’Alina lui propose d’écrire un roman pour la collection « Une nuit au musée » chez Stock, Leïla Slimani est troublée. Expérience existentielle ou snobisme, que faire de cette nuit au sein de la Punta sella Dogana à Venise, transformé en musée d’art contemporain ?

Ce livre, c’est une réflexion sur l’écriture, aussi belle que fantasque. Douloureuse aussi parfois. Refuser une sortie, un dîner, ne pas répondre au téléphone, s’enfermer dans une pièce sans en bouger, dresser un mur entre soi et les autres pour retrouver des personnages imaginaires, pourvu qu’ils soient au rendez-vous. Car le rôle de l’écrivain est ambigu et pour écrire sur le monde, il doit d’abord s’en isoler, se tenant à l’écart loin des bruits de la vie. Son quotidien est fait de remise en question et de frénésie, comme pour l’écriture des dernières pages de « Chanson douce ».

La littérature ne sert pas à restituer le réel mais à combler les vides, les lacunes. On exhume et en même temps on crée une réalité autre. On n’invente pas, on imagine, on donne corps à une vision, qu’on construit bout à bout, avec des morceaux de souvenirs et d’éternelles obsessions.

L’isolement est un désir inavouable auquel Leïla succombe avec incertitude. Mais comment vivre avec cette envie lorsqu’on s’est battue pour briser ses chaînes ? Seule dans cet immense bâtiment des douanes, Leïla se confie avec pudeur sur son enfance et sa vie de femme. Chaque œuvre est le prétexte d’évasions nocturnes, délicieuses digressions qui la mènent de Rabat, ville de son enfance à l’auteur Ahmet Altan (Je ne reverrai plus le monde) en passant par Kyoto et Virginie Despentes. Enfant ni d’ici ni d’ailleurs, Leïla Slimani mélange passé et présent dans une douce confession intime.

Je veux laisser les questions sans réponse car c’est dans ces fossés, dans ces trous noirs que je trouve la matière qui sied à mon âme. C’est là que je tisse ma toile, que j’invente des espaces pour la liberté et pour les mensonges, qui sont, à mes yeux, une seule et même chose.

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